C’est en se côtoyant ainsi qu’a germé l’idée d’une collaboration entre nos deux entreprises trifluviennes, dernièrement. Si vous ne l’avez pas encore vu passer, nous avons lancé la semaine dernière le fruit de cette collaboration aussi enivrante que esthétiquement plaisante: un lait de bain botanique.
Un quoi? Notre fameux lait de bain, reconnu pour ses propriétés hautement hydratantes, mélangé à la beauté colorée des pétales de calendula, des feuilles de sauge et d’une délicate fragrance florale. Un bain-confettis qui sent le paradis, quoi.
Mais Ombelle, c’est quoi exactement? Comme Annabelle le dit si bien, Ombelle, c’est la beauté à l'état sauvage. C’est une passionnée aux mains terreuses. Une créative en quête de beauté. C’est un jardin de fleurs sauvages qu’elle cueille soigneusement pour les faire sécher. Ce sont des arrangements floraux assemblés pour décorer, mais aussi pour inspirer.
J’ai voulu en connaître un peu plus sur cette passionnée, voici ce qu’elle avait à me raconter:
Marie : Lorsque tu étais petite, que rêvais-tu de faire comme métier?
Annabelle : Jusqu’à tard dans ma vie, je n’arrivais pas à m’identifier à un métier précis. Enfant, je disais même que je ne voulais pas travailler, je comprends maintenant que c’était une manière de dire que je ne voulais pas « sentir » que je travaillais. Je me souviens rêvasser à un lieu plus qu’à un métier, un endroit qui me permettrait de concrétiser toutes mes passions, qui serait rassembleur de toutes sortes de projets. La forme a beaucoup changée à travers les années, mais aussi loin que je me souvienne, il y avait toujours le désir de travailler la terre.
Ça m’a pris beaucoup de temps à accepter cette pluralité chez moi, de comprendre que mon parcours ne sera pas nécessairement clair et précis. Avant même de démarrer Ombelle, ce qui me rassurait beaucoup était de me dire que peu importe ce que je choisissais de faire, si j’étais stimulée et je le faisais avec cœur, j’allais tracer un chemin fidèle à qui je suis.
Marie : Je crois que c'est réussi! Alors, comment est-ce que les fleurs sont entrées dans ta vie?
Annabelle : Les fleurs sont entrées dans ma vie de manière tout à fait inattendue. En 2019 je suis entrée au programme de GTEA à Victoriaville au profil agriculture urbaine. Comme je disais plus tôt, je n’avais pas nécessairement de plan en tête, je me sentais simplement attiré par le monde agricole. C’est donc là que ma fascination pour tout ce qui pousse s’est enracinée. Les fleurs par contre, sont arrivées dans mon cœur bizarrement en plein hiver de pandémie, lorsque j’ai décidé de jouer avec des bouquets de fleurs sauvages de l’été d’avant. Cela a agi en baume pour tout mon être. Étant de nature pratico-pratique, j’aime que les choses aient plusieurs fonctions, j’aime l’aspect utilitaire des objets et mes choix penchent beaucoup plus vers ce qui est rationnel que ce qui est émotionnel. Les fleurs elles, m’aident à faire ressortir ma nature plus sensible. Je me découvre une créativité qui était très bien cachée, mais qui voulait sortir, mon regard sur le monde qui m’entoure a drastiquement changé en même temps que mon opinion sur la beauté. J’ai maintenant un vrai plaidoyer en faveur de l’esthétisme, je pense que c’est un besoin de s’entourer de ce qu’on trouve beau et que l’impact sur notre santé mental est réellement positif.
Marie : Ou prends-tu ton inspiration pour tes créations?
Annabelle : Je suis beaucoup inspirée par l’idéologie européenne sur le monde des fleurs. En France par exemple, on achète ses fleurs à chaque semaine en même temps que son épicerie. C’est une coutume hebdomadaire qui n’est pas du tout questionnée et je trouve ça incroyablement jolie, on nourrit son corps et son esprit à la même place. C’est une des nombreuses raisons pourquoi on retrouve mes fleurs au Marché Notre-Dame à Trois-Rivières. D’une part car les propriétaires sont des amis et entrepreneurs fabuleux, mais aussi car on partageait cette vision très bucolique des petits marchés européens, où on trouve ses fleurs à côté de son pain frais du jour.
C’est certain que je suis influencée par beaucoup d’artistes florales que j’admire, ne pas le dire serait mensongers, les réseaux sociaux sont une source d’inspiration dans un certain sens. Néanmoins, une fois dans l’atelier, ce qui me pousse à créer des pièces qui se rapproche le plus possible de ce qu’on voit dans la nature, c’est l’idée d’offrir aux gens une opportunité, celle de s’arrêter et contempler. Poser son regard sur un aspect du monde naturel permet à notre système nerveux de prendre une pause. On est plus calme, on peut prendre un pas de recul et notre esprit est plus positif. C’est ce fait qui inspire chaque création d’Ombelle, celui d’offrir au gens un moment pour respirer. Pour ce faire, je m’inspire de notre nature sauvage québécoise, ses textures, ses mouvements, ses couleurs, le comportement de chaque plante et comment elles interagissent entre elles. J’aime résumer que ma mission est « d’ensauvager l’intérieur ».
Marie : C'est franchement beau tout ça. J'ai soudainement envie d'aller à l'épicerie et de me rapporter un bouquet! Alors dis-moi, à quoi ressemble tes journées?
Annabelle : Comme je divise encore mon temps entre plusieurs projets, chaque journée est complètement différente, mais les journées 100% Ombelle sont de loin mes favorites! Pendant la saison estivale, une journée commence toujours avec un avant-midi au jardin, qui se situe à Saint-Maurice, chez nos amis de la Ferme Maurice. Je désherbe, je tuteurs, j’analyse puis je cueille mes précieuses fleurs. Je reviens ensuite à la maison pour dîner, puis en début d’après-midi je conditionne les fleurs. Je prends chaque tige pour enlever les feuilles, enlever les petites bestioles, compter les quantités (j’adore le data), je les classe par variété, puis par couleur. Je m’amuse ensuite à faire quelques bouquets frais que j’amènerai plus tard au Marché Notre-Dame. Avec le reste des fleurs qui n’ont pas été mises en bouquets, je les monte dans l’atelier, les attache en « bunchs » la tête en bas pour les faire sécher. Je termine généralement la journée en faisant du ménage dans l’atelier, quand la lumière est belle je prends quelques photos puis je fais du bureau.
Ce qui est merveilleux quand on travaille dans l’univers botanique, c’est qu’on doit toujours changer de routine, au rythme des saisons. L’été je suis au jardin, l’automne je cueille en forêts et en bord de route pour trouver les trésors que cette saison nous apporte. Pendant l’hiver je sors moins, je suis dans l’atelier à confectionner des produits fleuris, puis à planifier le jardin. Au printemps, je transforme l’atelier en petite serre et je consacre la majeure partie de mon temps à faire des semis et penser à la saison de culture qui s’en vient.
Marie : Wow, le bonheur. Alors, la fameuse question: Quelle est ta fleur préférée? Et pourquoi?
Annabelle : Ouff… c’est une question impossible à répondre! Je pense que mes favorites changent littéralement à chaque semaine. En ce moment je suis fascinée plutôt par une catégorie, ce sont les graminées. Surtout les petites graminées qu’on considère comme des mauvaises herbes quand on tond la pelouse. Dans mes préférées, on retrouve la Panic capillaire, une vraie merveille quand on veut ajouter du mouvement ou une petite touche de folie à un arrangement. Aussi, l’Orge agréable, avec son vert tellement pâle qu’il est presque blanc et la façon dont elle laisse passer la lumière dans ses longues arrêtes, c’est un effet wow garantie. Je trouve que ces herbes sont des clés pour créer des designs floraux à l’aspect sauvage et vraiment représenter la nature qui nous entoure. Oui, les immortelles sont les reines des fleurs séchées, mais elles sont réellement mises en valeur quand elles sont accompagnées de texture et de mouvement, là je trouve que mes fameuses graminées prennent toute leur discrète importance.
Marie : Pour finir, comment vois-tu Ombelle dans 5 ans?
Annabelle : J’ai envie qu’Ombelle soit non seulement une boutique en ligne, pour rendre accessible au plus de gens possible des produits d’art botanique, mais j’imagine aussi un endroit. Un lieu rassembleur qui permet aux passionné.e.s de nature de se rencontrer et discuter de ce qui les anime. Des ateliers en nature, des événements festifs, des fêtes de récoltes, etc. En fait, ma vision pour le futur est limpide, je souhaite que les fleurs locales fassent de plus en plus partie de la culture québécoise. Qu’on choisisse nos fleurs d’ici pour chaque occasion, que les fleurs séchées deviennent une évidence pendant l’hiver, au lieu de la fleur importée par exemple. Puis, je souhaite qu’Ombelle fasse partie de ce changement de mentalité et contribue à sa manière à faire rayonner notre nature Québécoise. J’espère avoir la chance de travailler en ce sens aux côtés de toutes les autres fermes / projets / amoureux.ses de la nature qui effectuent déjà un travail exceptionnel.
Merci tellement Annabelle de nous avoir amener dans ton jardin à travers ces quelques questions, et merci de fleurir nos vies. Nous allons certainement te suivre dans tes projets futur, parce que quelque chose nous dit que ce n'est que le début ! xx